Réflexions après le Sommet Red Herring ETRE qui s’est tenu à Paris du 6 au 9 octobre 2009 par Erik Fackeldey, Chef de projet TIC

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Réflexions après le Sommet Red Herring ETRE qui s’est tenu à Paris du 6 au 9 octobre 2009 par Erik Fackeldey, Chef de projet TIC
29 Octobre 2009 / Générale, Média
Où émergeront les nouveaux leaders du contenu et des services numériques ? Tendances mondiales et opportunités locales.

Un monde où les leaders du numérique réalisent 75 % du marché mondial…

Les leaders du logiciel et des contenus numériques sont de plus en plus dominants, en termes de parts de marché, de capacité financière et d’innovation. Ceci n’est pas une nouveauté mais le sommet du capital-risque ETRE organisé par Red Herring a permis de mettre en avant les dernières estimations et tendances dans ce domaine. Ainsi 75 % des innovations, des nouveaux services et contenus sont réalisés par les grands leaders mondiaux de type Microsoft, Google, Yahoo, IBM, … Disposant de trésoreries colossales, ils se lancent par ailleurs dans des stratégies d’acquisition facilitées par une faible valorisation des sociétés cibles. En effet, en 2009, l’indice du NASDAQ est de 40 à 50 % plus bas que pendant la bulle Internet de 2001 et la valorisation de sociétés cotées également.
 
Les start-ups doivent donc lutter pour occuper une place parmi les 25 % de marché restants. Cette course semble de moins en moins facile et l’on constate que les start-ups qui deviennent des vrais challengers avec des chiffres d’affaires de 35 à 40 millions de dollars se font de plus en plus rares. Seulement six start-ups ont été introduites au NASDAQ en 2009 - avec un espoir de 10 pour l’année entière - contre 50 en 2008. La première explication est liée au durcissement de la concurrence résultant de la domination des leaders. La seconde est quant à elle liée à la diminution progressive des fonds levés par les capitaux-risqueurs au niveau mondial. Le phénomène a été accentué par la crise. Selon la National Venture Capital Association, les montants investis sont passés de 28,4 milliards de dollars en 2008 à 6,3 milliards de dollars en août 2009 et le nombre de fonds impliqués de 221 à 70. Les experts interviewés lors du sommet ETRE prévoient qu’en Europe le nombre de sociétés de capital-risque sera de 50 dans les années à venir.
 
La Silicon Valley pour le global, le reste du monde pour le local ….ou l’importance d’être un cluster cosmopolite
 
Les leaders du marché ont de plus en plus tendance à considérer que seule la Silicon Valley est capable de générer les nouveaux services et contenus globaux de demain. Les autres pôles, à quelques rares exceptions près, ne jouent qu’un rôle régional, de localisation et/ou d’offres locales en complément à une offre globale. En effet, au-delà de la concentration des talents et des savoir-faire dans le domaine du  logiciel, l’aspect cosmopolite devient de plus en plus important aux yeux de tous. Dans une certaine mesure, la nécessité d’avoir une équipe cosmopolite pour le développement de services globaux est en train de devenir une norme avec ses conséquences stratégiques et organisationnelles sur les leaders mondiaux du domaine : création d’équipes en charge des services globaux au sein de la Silicon Valley, présence d’experts dans le reste du monde pour la recherche de services locaux.
 
Il est certes vrai que les succès de Facebook et de Twitter montrent que l’innovation et les parts de marché ne sont pas réservés qu’aux leaders et que des sociétés européennes comme Ankama ou encore Fischlabs peuvent prendre des positions internationales fortes, ici dans le domaine du jeu vidéo en ligne. Les tendances sont cependant là.

Quelles conséquences pour le cluster Marseille-Provence hub pour le développement de services euroméditeranéens ?

Dans une logique de pôle régional, Marseille-Provence doit continuer à renforcer son positionnement comme hub euro-méditerranéen. Cela signifie tout d’abord comprendre les usages, les besoins et les attentes de sa population grâce à des centres de recherche, des bureaux d’étude et des conférences dédiées. L’objectif est de travailler aussi bien en amont qu’en aval pour développer des services au plus près des attentes de la population. C’est pourquoi différentes instances du territoire travaillent à positionner la Provence comme un « Living lab », un laboratoire grandeur nature permettant d’expérimenter l’offre de services et de contenu de demain.

L’initiative PACA Labs lancée par le Conseil Régional permettant de subventionner les expérimentations de nouveaux types de services va dans ce sens. Provence Promotion travaille depuis plus d’un an à l’installation en Provence d’un des meilleurs laboratoires mondiaux dans le domaine, le MIT, qui devrait créer prochainement un laboratoire des usages mobiles à proximité de Marseille. La construction d’un réseau de partenariats et d’échanges avec les autres « hubs » de cet espace euroméditerranéen, tels que Sophia-Antipolis, Barcelone, Casablanca, Tunis devient indispensable si l’on veut appréhender ce marché avec une taille crédible à un niveau mondial. En termes d’offre, le succès de la série télévisée « Plus Belle la Vie » montre les atouts du développement de médias à audience euroméditerranéenne. Marseille a une vraie carte à jouer dans cet espace : elle est la seule ville développant une stratégie « high-tech ». La société de production et de diffusion audiovisuelle LEO TV, récemment installée à Marseille, mise sur ces atouts et présente un potentiel de développement considérable.
 
Marseille-Provence intégrée dans le réseau mondial
 
Etre un hub euroméditerranéen n’a d’intérêt que si celui-ci s’intègre dans le réseau mondial. Dans une logique d’entreprise, Marseille-Provence est économiquement intégrée dans le réseau mondial de par ses leaders dans le domaine de la micro-électronique tels que STMicroelectronics et Gemalto, dans celui de la distribution de produits mobiles avec Avenir Télécom ou encore dans celui du Near Field Communication avec les experts que sont Inside Contactless et Tagsys. D’autres start-ups tels que les développeurs de logiciels pour mobiles Miyowa et Mobile Distillery prennent des positions de plus en plus internationales.
           
L’accès aux leaders mondiaux permet cependant aussi aux entreprises locales d’accéder à des positions internationales, voire mondiales. Tel est le cas du studio de jeux vidéo Lexis Numérique qui grâce à  ses succès, « Alexandra Ledermann » (Horsez) et « Léa passion Mode » édités par Ubisoft, a pu rentrer dans le top 10 des meilleures ventes de jeux DS aux Etats-Unis. C’est aussi pourquoi Provence Promotion a initié la signature d’une convention entre les acteurs majeurs du territoire - dont l’incubateur de la Belle de Mai - et le leader Microsoft. Un des objectifs de cette convention est de faciliter l’accès au marché mondial des start-ups locales, via le programme d’accompagnement IDEES de Microsoft.
 
Enfin, la logique de partenariats entre clusters devrait permettre aux entreprises du territoire de mieux intégrer les pôles high-tech mondiaux. Ainsi Provence Promotion a initié une logique partenariale avec la ville d’Helsinki, afin de consolider des liens déjà forts entre les entreprises des deux pôles. Les leaders et principaux réseaux du mobile en Provence ont pu promouvoir très récemment au cours d’une conférence organisée au siège même de Nokia les atouts du territoire en présence de nombreuses start-ups des réseaux dédiés « Mobile Mondays » et de la Finnish Mobil Association.