Dîner débat à Paris pour valoriser les succès nature d’Aix-Marseille

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Dîner débat à Paris pour valoriser les succès nature d’Aix-Marseille
16 Septembre 2022 / Eco-industries, Investir en provence

Interventions auprès du Club des Marseillais de Paris

Le Club des Marseillais de Paris est un formidable réseau d'ambassadeurs. Ses membres, attachés à leur ville d’origine, souhaitent participer à son rayonnement au niveau national et international. Ainsi, depuis plus de 3 ans, Provence Promotion leur propose régulièrement de se réunir autour d’une thématique. Après leur avoir présenté l’hyper-connectivité du territoire en 2020, puis le futur des lieux de travail en 2021, l’agence a placé 2022 sous le signe de la nature avec un dîner au sein de l’emblématique Jardins des Plantes à Paris.

Plus de cinquante dirigeants sont venus s’inspirer de témoignages d’experts avec comme invité d’honneur Bruno David, Président du Muséum national d’Histoire naturelle, aux côtés de Maud Lelièvre, présidente du comité français de l'Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) et de Patricia Ricard, Présidente de l'Institut Océanographique Paul Ricard.

De par son patrimoine naturel irremplaçable, la Métropole Aix-Marseille-Provence est exceptionnelle. Zones littorales, montagneuses ou humides, sa superficie est constituée à 50% d’espaces naturels à protéger. La gestion de ce capital vert est déterminante pour les générations futures.

Ainsi, ce dîner avec le Club des Marseillais de Paris, organisé dans le cadre du programme d’influence collective piloté par Provence Promotion, a été l’occasion de rappeler les grands enjeux de préservation de la biodiversité et les leviers d’action pour toutes les parties prenantes, les dirigeants, les grandes institutions comme les collectivités.

Bruno David, Président du Muséum national d’Histoire naturelle, éminent chercheur, biologiste et paléontologue a rappelé les spécificités de la crise multifactorielle actuelle que nous vivons, qui allie pollution, réchauffement et extinction accélérée des espèces, en précisant que le coût de l’inaction est estimé à 7% du PIB. Il a exposé la singularité locale de la Méditerranée et salué toutes les initiatives qui invitent à changer les comportements vis-à-vis de la nature.

« Je rejoins Marseille dans sa dynamique d’actions locales. Celles-ci peuvent porter rapidement leurs fruits comme l’illustre par exemple la création du Parc national des Calanques et ses actions pour sa préservation. L’enjeu propre à la Méditerranée sur le plan océanographique est de pouvoir préserver l’inversion thermique des eaux de surface et de fonds et le cycle annuel d’oxygénation», a expliqué Bruno David qui a invité l’assistance à positiver et à agir. «La question de l’environnement doit exister en amont dans vos stratégies d’entreprise au même titre que vos RH, vos locaux ou votre parc automobile. Vos entreprises ont de vrais leviers d’action. Elles savent être efficaces et la somme de ces changements auront un impact global sur la biodiversité», affirme-t-il avec la conviction que penser local participe à l’effort national dans un contexte mondial.

Prise en compte du contexte industriel d’Aix-Marseille

La Métropole Aix-Marseille-Provence, le Département des Bouches-du-Rhône et la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur encouragent largement cette transition écologique notamment aux côtés des industriels. Sur le pourtour de l’Etang de Berre, 1,2 Md d’euros a été investi au cours des 18 dernières années pour décarboner l’industrie.

Jean-Luc Chauvin, Président de la CCI Aix-Marseille-Provence et Vice-président de Provence Promotion a d’ailleurs fait remarquer lors de son intervention l’accélération de ces investissements pour la transformation environnementale des unités de production. «2,3 Mds d’euros sont engagés sur 8 ans pour lutter contre la pollution et nous avons besoin de le faire savoir. En tant que 1ère place nautique en nombre de places portuaires, le territoire est aussi très actif dans la protection de la biodiversité marine et la décarbonation du transport maritime», en ajoutant également que le chantier de l’Aéroport Marseille Provence n'est pas qu’une opération sur un bâtiment. Le projet vise aussi la neutralité carbone en 2030 avec des recherches engagées sur la durabilité, les énergies propres et des solutions vertes d’acheminement des passagers.

«Provence Promotion vise l’accompagnement d’industries nouvelles et de disrupteurs de la nature. Nous avons adapté notre feuille de route pour l’orienter en direction d’entreprises porteuses d’activités décarbonées et d’innovations vertes», a indiqué Bernard Deflesselles, Président de l'agence. Pour l’implantation de ces nouvelles activités en Provence, l’équipe travaille étroitement avec les acteurs économiques et les grands aménageurs du territoire. La stratégie d’aménagement du Port de Marseille Fos est d’ailleurs conditionnée par de grands projets d’innovation avec d’importants investissements pour la production d’hydrogène et d’acier verts. Lionel Rivière, Directeur de la Valorisation du Patrimoine et de l’Innovation du Grand Port Maritime de Marseille a rappelé ainsi la volonté du Port de concilier enjeux territoriaux et environnementaux tout en précisant que le Port gère 10 000 hectares d’espaces naturels dont 25% sont protégés.

L’importance de réfléchir et de travailler ensemble

Maud Lelièvre, présidente du comité français de l'Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN), a témoigné lors de ce dîner de son expérience et de la réussite de Marseille pour l’accueil du congrès mondial de la nature en septembre 2021.

« La compétition a été difficile et 5 ans de préparation ont été nécessaires pour cette manifestation. Le site de Marseille a remporté cette candidature grâce à ses paysages uniques, la diversité de ses écosystèmes reconnue sur le plan international, la qualité du dossier présenté mais aussi en raison des préoccupations très vives que suscitent la Méditerranée», raconte Maud Lelièvre.

« La France est le 2eme pays le plus impliqué dans l’UICN en nombre d’adhérents avec 200 experts mondiaux, 42 associations, 70 organismes (fondations, universités, conservatoires…)», poursuit-elle en précisant que le territoire fait partie des références de l’UICN dans l’atlas de la biodiversité avec 6000 espèces recensées et dans la liste verte des aires protégées avec la concentration exceptionnelle de 3 sites : la Réserve naturelle de la Ste Victoire, le Domaine de la Tour du Valat en Camargue et le site Natura 2000 Côte bleue marine. Sur ce dernier site, Maud Lelièvre souligne l’alliance réussie entre les collectivités locales, les pêcheurs et les associations qui s’engagent ensemble pour mettre en œuvre le programme d’actions de préservation du Parc marin (suivi scientifique, mesures règlementaires, animation …).

Un engagement qui touche aussi les jeunes générations de ce territoire s’est enthousiasmée Maud Lelièvre en évoquant le succès de l’initiative COP jeunesse du Département qui a réuni à plusieurs reprises 200 jeunes de 10 à 25 ans pour rédiger une charte en faveur de la préservation de la biodiversité. Un exemple de dispositif qui inspire et est devenu un modèle pour l’UICN.

Partager les expertises et former les élites

« Protéger aujourd’hui le dernier d’une espèce, c’est comme protéger le feu à la préhistoire. C’est ériger un rempart contre un chaos plus grand et pour comprendre les enjeux d’aujourd’hui il faut aller chercher le savoir de l’autre,» s’est exprimée Patricia Ricard, présidente de la fondation Paul Ricard lors de sa prise de parole.

Quand on sait que d’innombrables solutions se trouvent dans la nature, Patricia Ricard insiste sur la nécessité de casser les silos et de former les élites aux sciences fondamentales du vivant pour comprendre les interactions d’un organisme dans son environnement. «Avec un minimum d’initiation à la biologie, à la chimie et la physique dans les grandes écoles, la dimension du vivant serait mieux intégrée», a expliqué la spécialiste du biomimétisme qui a acquis une expertise scientifique et technique sur les questions reliant économie et écologie.

La mise en commun des compétences est aussi une condition essentielle du laboratoire de la ville durable méditerranéenne expérimentée par l’EPA Euroméditerranée. «Dans une approche systémique de la ville, nous recherchons avec un écosystème de partenaires (collectivités, services de l’Etat, centres de recherche et universitaires, industriels..) à développer des solutions renforçant la biodiversité, à déployer des solutions soutenables autour de la mobilité, de l’énergie, des modes productifs (bio et géosourcé)», a affirmé Stéphane Ghio, Directeur du développement économique et des partenariats innovants d’Euroméditerranée. «Un exemple, la boucle de géothermie marine pour chauffer et refroidir les bâtiments du quartier (logements, commerces, bureaux …) permet de réduire de 70% les gaz à effet de serre. Nous allons aussi recréer de la biodiversité et gérer les ilots de chaleur avec la transformation de la gare du Canet en poumon vert. En travaillant avec météo France, nous avons constaté un potentiel de 4 à 5°C en moins sur le périmètre immédiat de ce futur parc, par contre les effets sur les îlot de chaleur disparaissent très rapidement dès que l’on s’éloigne, ce qui signifie que la naturation doit être importante et répliquée en de nombreux endroits pour avoir des effets urbains significatifs».

Un projet pour lutter contre la pollution plastique

Simon Bernard, diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Maritime de Marseille, n’a pas eu besoin d’être sensibiliser au vivant. Le président et co-fondateur de l’expédition Plastic Odyssey est passionné par la nature depuis son plus jeune âge mais c’est en naviguant entre la Maroc et le Sénégal dans le cadre du tour du monde de l’innovation low-tech "Nomade des mers" qu’il prend conscience de l’ampleur de la problématique du plastique.

«Heureusement, les pays du Sud ont beaucoup d’ingéniosité pour recycler ! L’objectif de l’expédition Plastic Odyssey est de rendre la transformation du plastique viable économiquement et accessible à tous sans connaissance technique pour former 200 à 300 entrepreneurs que nous aiderons aussi à se mettre en réseau», a déclaré Simon Bernard.

Le catamaran, qui fera escale dans 30 pays les plus touchés par la pollution durant 3 ans, est équipé d’une broyeuse, d’une extrudeuse et de différents outils pour réaliser de nouveaux objets : tubes de canalisation, pavés de trottoir autobloquants, tuiles pour remplacer la tôle ondulée, …

L’expédition prendra le départ de Marseille le 1er octobre avec pour avantage d’accéder rapidement aux pays africains. Un choix également pertinent en raison de l’ancrage emblématique de la ville, berceau de grandes expéditions et d’avancées océanographiques avec le Calypso, le bateau du commandant Cousteau, et la Comex, l’entreprise marseillaise spécialisée dans l'ingénierie et le monde sous-marin. Le bateau de Plastic Odyssey est à découvrir à quai du 23 au 25 septembre dans l’anse du Mucem.