Avec Sogema, La Fonderie de Roquevaire se forge un nouvel avenir

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Avec Sogema, La Fonderie de Roquevaire se forge un nouvel avenir
Nicolas Suzanne, Directeur de la Fonderie de Roquevaire (à gauche) et Lucas Schneyer, responsable du dévelopement de la société Sogema (à droite) qui a repris la fonderie
23 Février 2021 / Investir en provence, Reprenez une entreprise

L'histoire d'une reprise d'entreprise du patrimoine vivant en Provence

En cédant La Fonderie de Roquevaire au groupe aveyronnais Sogema, Nicolas Suzanne s’assure d’un nouvel avenir pour son entreprise familiale. Les savoir-faire artisanaux dont il a hérité de génération en génération sont conservés ainsi que l’ensemble de l’équipe. Alors qu’il recherchait des solutions pour sauver la Fonderie, il rencontre Provence Promotion en 2015 qui le soutient dans ses démarches. La conjoncture de la crise sanitaire a accéléré sa prise de décision. Sogema, société d'assistance technique spécialisée dans les métiers liés à l'installation générale, a repris le flambeau en août 2020 et les effets positifs sont déjà là.

Frappé par une baisse importante des commandes publiques et confronté à une concurrence internationale accrue (pays de l’Est puis asiatiques), Nicolas Suzanne met tout en œuvre pour sauver l’entreprise dont il a pris la direction à la suite de son père en 2011 avec son cousin Fabrice Suzanne. Pour lui, comme pour le Tribunal de Commerce de Marseille qui a suivi son dossier, impossible de laisser s’éteindre des compétences acquises depuis 1958. Spécialiste du mobilier urbain (lampadaires, bancs publics, bornes de stationnement, etc…), la fonderie fabrique aussi des petites séries pour l’industrie, des pièces d'art, d'architecture et de décoration, des lests et des contre-poids pour le levage, le transport et le maritime.

De l’ouverture du capital à la cession

Afin de pallier les difficultés, Nicolas Suzanne envisage dans un premier temps d’ouvrir son capital à des partenaires financiers. C’est à ce moment-là qu’il fait la connaissance de Provence Promotion qui l’aiguille au travers de son programme Go Between in Provence. "L’agence a été d’une grande écoute. Elle m’a soutenu et m’a aidé à mûrir mon projet qui est passé d’une ouverture de capital à une cession", raconte Nicolas Suzanne. Il participe aux ateliers proposés, fait estimer son entreprise et en 2015 remporte le label «Entreprise du Patrimoine Vivant» qui atteste des savoir-faire artisanaux et industriels d'excellence de la fonderie.

Malgré les prestigieux chantiers qui s’en suivent comme la restauration de la marquise de la gare d’Austerlitz ou les gouttières de la cathédrale de Bordeaux, et un soutien financier de la Région, l’entreprise ne parvient malheureusement pas à sortir de son déficit. Elle rencontre alors de potentiels repreneurs et entre en discussion en 2019 avec Sogema, une société familiale dont les valeurs reposent aussi sur l’excellence des savoir-faire.

Des valeurs partagées

"La Fonderie de Roquevaire remplissait tous les critères pour intégrer notre groupement d’entreprises et participer à notre stratégie de croissance", explique Lucas Schneyer, responsable depuis deux ans du développement de Sogema qui emploie 120 personnes en France et réalise 12 millions de chiffre d’affaires grâce à son offre de compétences diversifiée en ingénierie (bureaux d’études en bâtiment, en aménagement, en installation générale, en structure, en automatisme, en logiciels, etc…).

"Cette acquisition peut paraître atypique au regard de nos activités de services à l’industrie pour de grands donneurs d’ordre comme BP, Total ou Lafarge, mais prend en réalité tout son sens pour le maintien des capacités productives sur le territoire français". Accélérée par la crise du coronavirus, la cession a lieu en août 2020. L’équipe de 10 employés est maintenue dans sa totalité et Nicolas Suzanne en conserve la direction.

Investissements et plan R&D

A l’évidence, l’urgence était de moderniser le parc des machines de la fonderie. Sogema y consacre 450.000 euros, évitant la délocalisation d’outils productifs à l’étranger par le rachat de matériel à une entreprise en cours de démantèlement dans la région lyonnaise.

Activité par essence de recyclage des métaux, La Fonderie de Roquevaire récupère depuis des années des disques de freins et de rails de chemin de fer pour s’approvisionner en matière première.

La volonté de Sogema est encore d’aller plus loin en réduisant l’empreinte carbone de la fonderie et en favorisant l’économie circulaire. Elle souhaite impulser une démarche d’éco-conception avec la réalisation par exemple de produits creux moins gourmands en énergie lors de leur fabrication. Des pistes de recherche sont également ouvertes pour permettre le recyclage du sable de moulage grâce à l’introduction d’une bactérie capable d’absorber les phénols qui se libèrent dans les moules au moment de la coulée.

Décupler la portée du projet

Six mois après la reprise, la fonderie est à l’équilibre avec 60% de son activité en mobilier urbain, 30% dédiée industrie et 10% à la fonderie d’art. Pour devenir excédentaire, Sogema souhaite l’orienter davantage vers le marché de l’habitat et du bâtiment durable. Elle prévoit le lancement d’une nouvelle gamme de produits (garde-corps, appuis de fenêtre, grilles de portails, etc..) dédiés aux professionnels (architectes, promoteurs, collectivités …) et aux particuliers avec l’ouverture d’un segment BtoC.

Pour pouvoir décupler la portée du projet, Sogema a effectué deux demandes de subvention, une première sur le plan de relance et une seconde auprès de la Région actuellement en cours d’instruction.

Ouverte à d’autres projets avec une appétence particulière pour le secteur industriel et du bâtiment, Sogema travaille conjointement avec Provence Promotion afin d’identifier des leviers de croissance. "L’importance pour nous est de se rapprocher de sociétés qui souhaiteraient intégrer un groupement d’entreprises prônant la hiérarchie plate, le plaisir professionnel ainsi que le goût d’entreprendre dans un contexte familial. Afin de diversifier nos offres, nous souhaitons bénéficier de synergies de compétences et ainsi diluer l’exposition à des risques sectoriels" conclut Lucas Schneyer.